Marie est une gémeau #portrait
Petit exercice d’écriture consistant à imaginer l’histoire derrière un portrait…
Marie est une gémeau. Et comme souvent chez les gémeaux, que vous croyiez à l’astrologie ou non, elle a une double personnalité. Pas dans le sens “Marie est schizophrène”, mais plutôt dans le sens “Marie est une fille gentille, douce et empathique, mais si vous piquez sa place de parking un mauvais jour, elle vous traitera de ‘Grosse Pute !’ au mieux, vous mettra un coup de boule, au pire”. Avec le temps, elle a appris à tirer parti de cette “personnalité”. Elle lui a même donné un prénom : Natacha. Dès qu’elle a quelque chose de difficle à gérer, elle laisse Natacha prendre le relais.
C’est bien Marie cependant qui, à la sortie de son master de mathématiques, se lance dans la création d’un site de poker en ligne avec un collègue de promotion, Paul. En revanche, lorsque les deux associés n’obtiennent pas les agréments nécessaires après des mois de développement, c’est le troisième associé (Natacha) qui les convainc de continuer sans. S’en suivra des années de jeu du chat et de la souris avec la police, à héberger les serveurs à l’étranger et déplacer les capitaux dans des paradis fiscaux. C’est Marie qui gère la partie business, Paul la partie technique, et Natacha tout ce qui est “touchy”.
Paul ne savait pas dire si cette histoire de personnalité était une sorte de méthode coué, permettant à Marie de se dépasser, ou une vraie condition clinique. Mais au regard des sommes qui atterissaient mois après mois sur son compte en banque, il avait décidé que cela n’avait pas d’importance. Et les challenges techniques rendaient l’aventure palipitante, à l’image de “l’algorithme du gros con”.
L’histoire de cet algorithme remonte à la soirée qui suivit l’obtention de leur diplôme. Dans le bar ce soir-là toute la promotion s’était mélangée aux habitués. Marie y rencontra deux hommes, qui serviraient de base à l’algorithme. Marc, le gentil garçon, et John, le gros con. Marc était attentioné et curieux, posa beaucoup de questions sur le diplôme de Marie et son projet de site de poker. John était ce qu’on appelle donc “un gros con”, imbu de lui-même, sexiste, macho. Cependant, Marc et John avaient un point commun : l’envie de jouer au poker en ligne sur le site de Marie (bien que ce soit pour des raisons différentes, l’attraction envers Marie pour l’un, l’argent pour l’autre). L’idée était née, et Marie (avec l’aide de Natacha) n’eut pas beaucoup de mal à convaincre Paul. Ils allaient, de manière opportuniste, distribuer des coupons d’inscription à leur site de deux types : “Mark” et “John” (respectivement les codes MK2019 et JN2019). Ensuite, c’était l’algorithme mis en place par Paul qui entrait en jeu : les Marc se verraient recevoir des cartes particulièrement avantageuses par le site lors des parties de poker, tout comme les John d’ailleurs, pour qui la “chance” tournerait court au pire moment et leur ferait perdre une très grosse mise. Une sorte d’algorithme Robin des Bois, un ré-équilibrage du monde entre ceux qui le méritent et les autres.
La petite entreprise de nos trois associés prospera pendant un temps. Jusqu’à ce que les autorités parviennent à coincer Paul. Une sombre histoire de fausse prostituée faussement amoureuse qui demanda à Paul de venir le rejoindre sur le sol français, ladite prostituée étant en fait Jacques, un brigadier de la répression des fraudes, service cyber-criminalité. On l’appelait “Tatiana la moustache” dans le milieu, en hommage à sa moustache bien sûr, mais surtout sa technique de la prostituée russe amoureuse. Ladite technique étant d’ailleurs inspirée de la propre histoire de Jacques et son amourette (à 500€ la semaine quand même) avec une réelle prostituée cette fois. Mais ça, personne ne le sait.
Paul se fait donc pincer, et dans ce cas là, la police pince généralement très très fort. La menace de prison à vie fut un argument plutôt efficace lors de la discussion cordiale qu’ils eurent tous ensemble autour d’un verre d’eau au service de cyber-criminalité. Paul balança toute l’histoire, tous les accès et tous les détails. L’algorithme du gros con eut un certain succès dans le service, tout le monde s’amusant à savoir s’ils auraient eu le ticket MK2019 ou JN2019 après une rencontre avec Marie. Rencontrer Marie, c’était justement la prochaine étape sur la liste. La technique consista à retrouver Marc, le vrai Marc du bar, et le faire contacter Marie sous prétexte qu’il avait envie de la revoir (car ils avaient évidemment couché ensemble). C’est Jacques et sa belle moustache qui accueillit Marie à la sortie de l’avion.
Police, menotte, prison. Dès l’instant où Marie mis un pied dans la prison, Natacha pris le pas. Elle laissa cependant Marie prendre le relais de temps en temps, lorsqu’il fallait se montrer particulièrement convaincante avec les gardes.
Paul, quant à lui, resta libre, grâce à l’accord qu’il avait signé avec la police. Il ne resista pas par contre à signer un autre accord, avec une maison d’édition cette fois. Le livre eu un succès relatif, mais l’algorithme du gros con fut révélé au grand jour. Et curieusement, le fils de l’ambassadeur russe à Paris, qui avait reçu un coupon au code énigmatique (JN2019), n’apprécia pas beaucoup cette partie du livre. Dire que Natacha passa un sale quart d’heure un après-midi d’hiver lors de la promenade en prison est un euphémisme. Marie parvint cependant à convaincre ses nouvelles amies russes qu’elles pourraient enterrer la hâche de guerre en organisant ensemble de petites parties de poker illégales à la prison. Et cette fois, c’était Natacha qui gérait le business…
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