Mathieu était dans un train #portrait

Petit exercice d’écriture consistant à imaginer l’histoire derrière un portrait…

🚨Attention, présence de déclencheurs traumatiques (violence, violence sur enfant).

Mathieu était dans un train lorsqu’il a appris la mort de sa femme. Un coup de téléphone de ses beaux parents, entre deux gares, un réseau téléphonique défaillant, et une conversation hâchée et difficile. Le soleil était en train de se coucher. Il alla se rassoir à sa place et mis la musique, fort. Très fort. La musique qu’il utilise habituellement lorsqu’il veut écrire.

Et il se mit à écrire. Ecrire. Pendant des heures. Il rata son arrêt. Rata la correspondance suivante, et continua à écrire. Une fois en gare, une fois tous les passagers sortis, les lumières éteintes, il écrivait encore. Il savait que s’il s’arrêtait il se mettrait à pleurer. Et que la douleur déchirerait son torse. Alors il n’arrêta pas. Il voyait sans voir autour de lui que les chose s’agitaient, il sentait que l’on commençait à nettoyer le train. Pourquoi ne venait-on pas l’interrompre ? Il continua à écrire, écrire pendant des heures. C’est l’impression qu’il avait en tout cas.

Quelqu’un lui tapa sur l’épaule. Il repoussa la personne d’un geste sec et lui lança un regard de braise, à la fois tellement puissant mais aussi tellement vide. Et continua à écrire. La police arriva, et un officier retira les écouteurs de ses oreilles. C’était fini. La réalité le rattrapa. Il sentit la douleur venir de l’intérieur, de très loin. Elle monta doucement. Son coeur se serrait, son torse se serrait, sa gorge se nouait. Il éclata littéralement en sanglots. Ses jambes se dérobaient sous ses pas lorsqu’on le déplaça sur le quai. Puis plus rien. Plus aucune douleur. Comme si son corps avait décidé qu’il en avait subit assez. Il perdit connaissance et se réveilla à l’hôpital. Cette boule au ventre ne le quitterait jamais.

Portrait précédent : Mathias a peur des pigeons