Papa, on va où demain ?
Papa, regarde, un avion !
Le petit avait les yeux rivés sur le ciel. Je levai également les yeux mais ne vis rien. Les enfants avaient souvent une vue bien plus fine que leurs parents. Après avoir plissé le regard, je finis par apercevoir l’avion.
Tu penses qu’il va où ? demandai-je.
En Angleterre !
Le petit Ben avait répondu avec tellement d’enthousiasme et de certitude que c’en était presque convaincant.
Comment tu le sais ?
Mais c’est mamie qui m’a dit, répondit le garçon un peu énervé.
Sa grand mère lui avait expliqué un jour que l’avion qu’ils voyaient allait peut-être en Angleterre. Et depuis, tous les avions vont en Angleterre. Logique implacable d’un enfant qui découvre le monde. Tout était simple pour un enfant. Et tout devenait tellement compliqué en grandissant.
Papa, on va où demain ?
Le garçon avait pris l’habitude de demander chaque jour où nous irions demain. Ce n’était pas par manque d’intérêt pour l’instant présent à vrai dire, je pense que c’était une simple curiosité. Avec sa mère, nous avions pris l’habitude de lui dire à quelle crèche il irait le lendemain, si nous irions chez ses grands parents… Mais lassés par ses questions, nous avions commencé à répondre une ville ou un pays au hasard, notre fils semblant toujours satisfait de la réponse.
Papa, on va où demain ? relança-t-il.
En Angleterre, répondis-je sur un ton neutre.
Su-per, Su-per, Su-per.
Il sauta de joie, et ne se doutait pas que pour une fois, j’étais sérieux. J’étais perdu dans mes pensées. Trop de choses étaient arrivées ces derniers jours. Nous avions besoin d’air, tous les deux. L’Angleterre, pourquoi pas après tout…
Alors, Ben, je vais avoir besoin de ton aide.
Nous étions de retour dans la maison.
Nous allons partir pour un voyage, et j’ai besoin que tu prennes quelques jouets. Seulement les plus importants, d’accord ?
Des voitures ? demanda le garçon.
Oui par exemple, c’est toi qui choisit.
Je vais prendre mon costume de père Noël !
Si tu veux. Mais prends surtout quelques jouets, et des livres aussi.
Je veux lire Yakari tout de suite.
On lira dans l’avion, mais prends ton Yakari préféré.
D’accord.
Le garçon se dirigea déterminé vers l’étagère et commença sa sélection. Je montai à l’étage et commençai à faire un sac pour deux. De quoi tenir quelques jours, pas plus. De toute façon je ne savais pas combien de temps les choses allaient durer. Nous trouverons bien une solution sur place.
J’étouffais ici, besoin d’air. Je profitai que j’étais à l’étage pour appeler ma belle mère, le réseau mobile ne passait pas très bien en bas.
C’est moi. Je pars quelques jours avec Ben. Je suis désolé. Je serai joignable sur mon téléphone.
Mais… Tu ne veux pas rester ici, avec nous ?
Non, il faut que l’on se change le idées, Ben commence à poser des questions. C’est trop long, ils ne nous donnent aucune information.
Le sac fut vite terminé. Le sac de jouets était encore très vide lorsque je redescendis et trouvai mon fils en train de lire dans le canapé.
On y va mon coeur, tu as choisis des jouets ?
Je veux attendre Maman.
On ne peut pas mon coeur, elle nous rejoindra plus tard.
Je veux faire un bisou à Anaé avant de partir.
Plus tard mon coeur, on y va.
Mais, mais, mais…
Le garçon fit une petite crise, rien qu’un câlin ne pouvait guérir. J’installai mon fils dans la voiture, fermai la maison après avoir coupé le chauffage, et m’installai au volant.
Je veux écouter ma chanson préférée ! demanda le garçon.
D’accord, répondis-je en mettant la musique.
Notre chanson préférée commença. Je regardai la maison une dernière fois et poussai un long soupir. Je jetai un regard à mon fils qui regardait dehors, l’air de rien. La voiture démarra et je pris le chemin de l’aéroport.
Ceci est le tout début d’un roman dont j’avais commencé à construire l’intrigue (dans ma tête)… Voulez-vous connaître la suite ? 🙂